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Ivan Illich
« Une société sans école »
(Ed. Seuil -1977)
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Pour une meilleure interprétation
du sens que l’auteur donnait à son titre
voici quelques extraits de ce texte
lu à sa sortie et qui passionnait mes professeurs de Droit
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…/…
Tous font confiance au traitement que seule l’institution peut entreprendre et, par conséquent, tout accomplissement personnel en marge de l’institution sera matière à suspicion. On parvient ainsi à un « sous-développement » progressif de la confiance en soi et dans la communauté.
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Les administration de l’Etat-providence revendiquent le monopole professionnel, politique et financier, de l’imagination en matière sociale : ils étalonnent les valeurs et définissent ce qui est réalisable. C’est ce monopole qui explique l’aspect particulier que prend la pauvreté dans sa version moderne
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Une société ou les besoins fondamentaux de l’homme se transforment en demande de biens de consommation a tôt fait de mesurer la pauvreté selon certains étalons de comparaison que les technocrates peuvent modifier à volonté.
Est « pauvre » celui qui ne parvient pas alors à satisfaire à certaines normes de la consommation obligatoire.(pages 14-15)
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On aura beau concevoir des programmes allégés, mettre en place des classes de perfectionnement, des horaires renforcés, tout cela ne conduira qu’à une discrimination accrue et à des coûts de production plus élevés (page 19)
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Dans tous ces pays, voilà la majorité des habitants pris dans les rêts de l’école : j’entends qu’elle les a déjà instruits de leur infériorité face à ceux qui ont « fait des études ». Ils vénèrent l’école, ils seront doublement exploités.
Ils acceptent qu’une part sans cesse plus importante des ressources publiques soit consacrée à l’éducation du petit nombre et ils finissent par croire que le contrôle du milieu social n’est pas du ressort de l’individu. (p.21)
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Ainsi s’établit une véritable hiérarchie internationale, où chaque « caste » fonde sa dignité sur le nombre d’années de scolarité défini par ses lois. (p.25)
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…tous se sont plaints à un moment ou à un autre que le système éducatif ne dispose pas de moyens suffisants pour stimuler les enseignants…
A quoi vise-elle (la proposition)? A accroître la concurrence entre les établissements scolaires pour améliores leur niveau ?…
Cette proposition ne sert que les intérêts des enseignants de métier, ceux des directeurs d’école privée et aussi, pourquoi pas, ceux des partisans de la ségrégation.
Bref elle favorise tous ceux qui jouent un rôle de division sur le plan social.
Elle fait le jeu de ceux qui entendent continuer à vivre dans une société où l’avancement dépend non du savoir, mais de la méthode par laquelle il est censé être acquis…(p 36)
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A la fois, l’échange des compétences et ces rencontres de partenaires égaux se fondent sur la volonté de donner un sens véritable à l’expression :
« l’éducation pour tous ».
Il ne faut pas qu’elle soit le prétexte à un enrôlement dans une institution monopolistique, mais qu’elle suscite cette mobilisation générale de la société, de la population toute entière, qui seule peut conduire à une culture populaire authentique. C’est que le droit à l’instruction, le droit de tout homme de s’instruire ou de transmettre ses compétences, se voit retirer tout signification par la présence des enseignants diplômés….(p45)
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Imaginons plutôt que les hommes
cessent de s’abriter derrière leurs diplômes
et qu’ils aient le courage d’élever la voix
et d’apporter leurs propres réponses…
(p47)
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Que l’institution scolaire disparaisse, et il sera possible de ne plus favoriser un âge aux dépens des autres (p 55)
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Où avons-nous donc appris la plus grande part de ce que nous savons ?
En dehors de l’école….
Le plus souvent les élèves font leur éducation sans l’aide de leur maître, parfois malgré lui. (p56)…
Bref, les écoles créent des emplois pour les enseignants, sans que l’on tienne jamais compte de ce qu’ils transmettent à leurs élèves. (p58)
Parfois, s’il a quelque valeur, (l’enseignant), il les entraîne à certains exercices routiniers, préparation de base à l’acquisition du savoir, mais sans illusion d’atteindre une connaissance véritable.
En sa qualité de censeur des moeurs, il se substitue aux parents, à Dieu ou à l’Etat et se charge de l’endoctrinement…
De par sa troisième fonction, celle de thérapeute, il se croit autorisé à examiner et connaître la vie personnelle de chacun…
Dans les rapports maître-élève n’est respectée aucune des garanties de la liberté individuelle…(p60)
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Le rite du progrès
A quoi peut bien servir la formation d’un diplôme d’université,
sinon à le mettre au service des riches de ce monde ?
Il aura beau proclamer sa solidarité avec le Tiers monde, sorti de son université il n’en a pas moins bénéficié d’une éducation dont le coût représente 5 fois le revenu moyen, non pas d’une année, mais d’une vie entière, au sein de la moitié déshéritée de l’humanité…/…
L’université moderne ne confère le privilège de la contestation qu’à ceux qu’elle a déjà étalonnés et classés,
dont elle sait qu’ils seront capable de « faire de l’argent »
ou de détenir une part du pouvoir…
C’est que pour avancer sur le parcours du jeu de l’éducation
il faut sans cesse faire la preuve que l’ordre établi peut miser sur vous sans prendre’ trop de risques,
en foi de quoi le système vous accorde la permission de continuer…(p65)
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J’espère que ces larges extraits
vous éclaireront
vous donneront envie de lire les 220 pages de cet essai
il a une petite quarantaine d’années
mais ne reste-t-il pas d’actualité ?
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Très bonne découverte, les extraits donnent envie de lire ce livre. Je le rajoute sur ma liste.
Bonne soirée
Ditch
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